Salle comble, prestations de haut vol, humour, beau décor, révélations, confirmations… “Pre Lakwa” a offert émotions et frissons à son public ce dimanche 17 avril pour le 7ème chapitre de son épopée. Les attentes étaient énormes mais les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Karl Foster Candio et sa bande ont fait le pari risqué et audacieux de mettre la barre encore plus haut pour cette édition et au final, le résultat n’a certes pas incarné la perfection mais il a eu le mérite de la tutoyer. Retour sur l’une des soirées les plus mémorables de la communauté évangélique haïtienne.
Le prologue de cette histoire ne présageait pas grand-chose de réconfortant. Quand on pense à la météo du jour, la rareté du carburant et les nombreux problèmes sociaux récurrents de notre société, on se rend compte qu’il a fallu une bonne dose de volonté et de détermination de la part des organisateurs, des acteurs et du public pour offrir à nos lentilles un aussi joli tableau pour la clôturer la pâque cette année. Cette nouvelle édition aura été teintée d’agréables surprises et porté le sceau de la maturité. L’évolution du spectacle à travers les années, et la démarcation presque totale de l’intrigue à travers une nouvelle perception de l’histoire entourant cette fois, non pas la mort mais la venue de Jésus a donné une saveur toute particulière au scénario.
L’histoire : Jésus en retrait, Joseph et Marie en avant
Pour cette nouvelle édition, les Productions Bénies avait cette responsabilité à la fois difficile et délicate de créer un nouveau récit autour de Jésus sans se répéter et en restant original. L’angle “Barnabas” ayant été exploité lors de la sixième édition, il fallait creuser ailleurs. Cette quête d’originalité a conduit Karl Foster Candio en amont du passage du Christ sur terre, plus précisément aux circonstances de la rencontre des parents de Jésus, Joseph et Marie.
Des premiers regards échangés aux approches timides et maladroits d’un Joseph superbement incarné par Aniel Fils, à la demande officielle faite aux parents de sa bien-aimée, Daniella la mère de Marie (Wiliadel Denervil) et Joachin son père (Romy Laguerre), en passant par les gestes complices d’une Marie incarnée avec brio par Taliana Lindor, la mise en scène de ce nouveau roman pascal avait largement les ingrédients pour séduire.
Coup de foudre, déclaration d’amour, aveux, jalousie, rupture, réconciliation… le public a eu droit à tout ou presque afin d’explorer l’imaginaire crée autour de ce à quoi pourrait ressembler la relation entre Joseph et Marie en prélude à la venue du Messi. Une histoire d’amour épicée avec quelques bonne dose d’amitié, celle de Joseph et de Matthias incarné par Frantz Junior Moïse, de convoitise, celle de Sarah (incarnée par Rachelle Geffrard) pour Joseph ou encore les tentatives avortées du diable (Steeve Lauture) pour déjouer les plans divins, le tout assaisonné d’un humour quasi constant dans les conversations et les gestuels. Les acteurs auront, dans l’ensemble, offert la meilleure version de leurs personnages respectifs.
“Pre Lakwa” a eté bien loin de la croix !
Cette année le spectacle “Pre Lakwa” n’a jamais conduit le public aussi loin de la croix et de Golgotha. Pour la toute première fois, le personnage de “Jésus” n’a pas été du spectacle. L’intrigue étant autour de l’histoire de Joseph et Marie, le dénouement la plus logique a donc été la naissance du Christ illustrée dans une spectaculaire scène finale marquée par une euphorie générale (acteurs et public) scandant à tue-tête “Wa a fèt !”.
L’atmosphère instaurée et la somme d’émotions insufflée au public durant les scènes précédentes ont presque fait oublier que nous étions sensés “normalement” célébrer la résurrection de Jésus et non sa naissance.
Les acteurs : Steeve Lauture, la révélation ; Auralie Antoine confirme
Si le choix des acteurs pour le casting de cette 7ème édition a été fait sur la base des talents qu’on leur connait, il convient de souligner également que “Pre Lakwa” a toujours été un espace de prédilection où certains artistes du milieu ont pu se révéler au public sous de nouveaux visages. A ce jeu, certains ce sont prêtés dans le passé ce qui leur ont permis d’aborder cette nouvelle aventure avec plus de sérénité.
Cette année encore, le plaisir de découvrir certaines personnalités sous de nouveaux costumes a été presque palpable. Si les expérimentés Taliana Lindor, Wiliadel Denervil et Romy Laguerre ont tenu leur rang, les recrues n’ont pas démérité. Entre un Aniel Fils fondu dans le rôle de l’amoureux timide et jaloux, un Frantz Junior Moïse casé dans la peau de l’ ami et fidèle conseillé, ou d’une Rachelle Geffrard dans celle de la petite sœur amoureuse de l’ami de son frère… Les acteurs de cette 7ème ont brillé de mille feux.
Parmi les astres qui ont illuminé le ciel du “Villate” ce soir-là, deux ont scintillé un peu plus que les autres. La prestation d’Auralie Antoine dans une merveilleuse interprétation de la chanson “Mary did you know ?” ainsi que celle de Steeve Lauture dans le rôle d’un démon ont particulièrement marqué les esprits. La première, dans la peau de l’ange Gabriel, a envouté la salle comme pour rappeler qu’elle fait clairement partie des voix confirmées du milieu et le second dans un registre bien différent a mis très clairement en évidence ses talents d’acteurs. Conclusion, le couple qui se serait le mieux démarqué aura été un ange et un démon.
Pre Lakwa 2022 c’était aussi…
Le travail remarquable du metteur en scène Eliezer Guérismé qui a mené à la baguette plusieurs apprentis acteurs à des prestations abouties. La créativité inépuisable du directeur musical Nicky Christ rejoint cette année par le talent et l’expérience du maestro Jean Daniel Valentin. L’apport des choristes qui, même en retrait, donnaient plus de vie aux séquences musicales du spectacle. La classe d’un décor choisi et implémenté avec soin. L’allure enchanteresse introduite par la troupe de dance B-Dance dirigée par Nirva H. Alcindor. Les prestations des invités Claire Calixte, Evens Samedi et Jessie Désir Sauld qui ont servi à mettre le public dans les meilleurs conditions pour accueillir le spectacle.
Les Productions Bénies tiennent pour l’instant leur événement référence pour l’année 2022. Une expérience qui aura laissé de beaux souvenir à partager mais également beaucoup de leçons à apprendre. En attendant 2023 et une potentielle et très espérée 8ème édition, “Pre Lakwa 2022” a gagné haut la main le droit de réclamer une palme d’honneur pour avoir offert autant de magie à son public un soir de pâque.
#KozeKretyen
Comment dire ou expliquer ce talent d’écriture que vous avez?
Je n’étais pas présente au spectacle mais grâce à tes écrits, j’ai l’impression d’y avoir participé.
Merci de tout cœur
Shibline
Juste un clic pour se rendre et s’asseoir à Le Villatte par le truchement son son p’tit écran. Toujours un plaisir de vous lire!
Très beau texte! Un superbe talent d’écriture qui permet d’apprécier le spectacle même absent. Bravo à Productions bénies!
Juste un clic pour se rendre et s’asseoir à Le Villatte par le truchement son son p’tit écran. Toujours un plaisir de vous lire!
Wawwwwwww !!! Congratulations mon frère good job